Si vous êtes un habitué des jeux en ligne, vous avez certainement déjà entendu parler du célèbre jeu ma-bimbo.com.
Le principe ? Faire évoluer une Bimbo en lui trouvant maris, jobs, fringues à la mode et en poursuivant frénétiquement des stars qui se laisseront, ou non, prendre en photo avec elle.
Ce jeu, géré par la société Beemoov, a tout de suite rencontré quelques réticences. Alors qu'à ses débuts il n'était censé être qu'« un [...] jeu virtuel avec des bimbos à la Pamela Anderson » comme l'atteste le blog de Nineland, la graphiste de Ma Bimbo, il a immédiatement séduit un public bien plus large, composé notamment d'adolescentes et de pré-adolescentes.
Certaines questions éthiques ont donc été soulevées, en particulier lors du lancement de la version anglophone du site, MissBimbo.com. Suprême honneur, le Times a consacré un article à la naissance de ce site, agrémenté de témoignages inquiets de parents en détresse. À l'époque, MissBimbo est géré par la même équipe que Ma Bimbo et en reprend donc les éléments principaux. Or les niveaux que doivent passer les joueuses en vue de devenir la « Bimbo du moment » les obligent à faire subir à leur personnage deux opérations de chirurgie esthétique : chirurgie faciale et augmentation mammaire. De même, il est impératif de séduire et de larguer tout un tas de mecs en vue d'augmenter son score de « Bimbo attitude ». Cerise sur le gâteau : un événement négatif fait automatiquement prendre du poids à notre poupée virtuelle qui doit donc se débarrasser de ses kilos superflus si l'on veut lui faire conserver un moral à 100%. Il n'en fallait pas plus pour déchaîner les foules. Dr Dee Dawson, experte en troubles alimentaires, explique dans l'article du Times que ce jeu n'a rien à envier aux sites pro-anorexie qui étaient alors très en vogue.
Cette dualité entre le principe de Ma Bimbo et le public qu'il a attiré a été (plus ou moins) pris en compte par les développeurs qui ont ajouté quelques lignes en rouge dans la clinique du jeu rappelant aux enfants le danger de la chirurgie esthétique. Mais est-ce suffisant ? Quoi qu'il en soit, Ma Bimbo et Miss Bimbo ne sont plus aujourd'hui gérés par la même équipe bien que leur parenté soit parfois rappelée au joueur sous la forme de quelques indices étonnants (certains graphismes conservés, entre autres).
Ironiquement, la principale voix dissonante dans le beau ciel de Ma Bimbo ne vient plus aujourd'hui de parents en colère mais de certaines joueuses elles-mêmes. Alors que tout est mis en œuvre pour offrir aux inscrites un monde Bisounours aux relents de barbe à papa, quelques Bimbos tirent la sonnette d'alarme. Et en coulisses, alors que la plupart des joueurs ne se doutent de rien, un combat sans merci oppose résistantes et membres de l'équipe de Ma Bimbo. Zoom sur les 5 plus gros reproches formulés par ces joueuses parties en guerre contre Ma Bimbo.
5. Un design laissant à désirer
Alors que les premiers dessins de la graphiste n'avaient vraiment pas de quoi faire sauter de joie, le graphisme s'est largement amélioré depuis. Toutefois, bien que Ma Bimbo se targue d'être le 1er jeu virtuel de mode, certaines se demandent encore où se trouvent les fringues de créateur qu'on serait en droit d'attendre après une telle assertion. A la place, on assisterait plutôt à un « délire de nœuds » comme l'affirme une bloggeuse inscrite sur Ma Bimbo. Cette même bloggeuse appelle le site le « pays du bonheur à nœuds roses ». En gros, vous l'aurez compris, la garde-robe de notre personnage déborde de froufrous, de noeunoeuds et de rose. Beaucoup de rose. Mais quoi de plus normal si l'on est une Bimbo ? Cependant, là où la gêne s'installe, c'est lorsque l'on constate que la domination du noeud empêche tout autre style de vêtements. Pire : les considérations des membres anti-nœuds seraient, selon certains commentaires recueillis ici et là, sciemment occultées par la graphiste.
Même si cette théorie semble tirée par les cheveux, il est intéressant de noter qu'il est tout bonnement impossible de suggérer des idées de vêtements à Nineland. Chaque tentative sur le forum du site se solde par une rengaine répétant à qui mieux-mieux que la « boîte à idées est fermée », arguant le fait que la graphiste a déjà plein d'idées en tête et qu'elle n'a pas besoin qu'on lui en soumette. En d'autres termes, ce ne sont pas les joueurs qui influencent les tendances dominantes des collections de « Nine ». Alors que de nombreuses sociétés proposant des services paient des dizaines de milliers d'euros en études de marché pour connaître les goûts de leurs consommateurs et donc décliner de nouvelles gammes correspondant à ces goûts, Ma Bimbo ne prend pas la peine de connaître les désirs de ses joueuses et c'est ce que certaines déplorent.
4. Une limite démographique peu claire
Comme je l'ai évoqué tout à l'heure, le jeu attire un jeune public malgré son principe de base. Et là est le problème : ce site s'adresse-t-il à un public mature et pleinement conscient de l'ironie ambiante ? Ou la Bimbo est-elle une sorte de mannequin en papier nouvelle génération pour les pré-ado de 12 ans et plus ?
Premier constat : la population de Bimboland est très hétérogène. On y croise aussi bien de la petite fille (9 ans) que de la très grande personne (50 ans et plus). Le noyau contestataire, lui, représente assez bien l'ensemble des inscrites puisque l'on y trouve aussi de grands écarts d'âge. Difficile de satisfaire une gamme aussi vaste de membres : on serait en droit de croire que les plus jeunes rêvent de princesses alors que les plus âgées rêvent de fringues sexy. Les Conditions Générales d'Utilisation semblent donner raison à ces dernières : il faut être majeur pour s'inscrire sur Ma Bimbo. Ou demander l'autorisation à ses parents. Aïe. Où se trouve donc la limite démographique du jeu ?
En souhaitant attirer un public de plus en plus jeune, il semblerait que les développeurs aient oublié en cours de route celles qui, les premières, ont contribué à la popularisation du jeu : les 20-30 ans qui, aujourd'hui, ne reconnaissent plus vraiment le site qu'elles ont tant aimé. Nineland, dont l'implication dans la vie du jeu est très touchante quoique parfois naïve (à en juger par le blog qu'elle tient), utilise tout un lexique dont sont très friandes les jeunes joueuses mais qui hérissent le poil des plus âgées : « cro » à la place de trop, « cadal » à la place de cadeau, « ronouille » à la place de grenouille, « mont Dentier » au lieu de monde entier, etc. De plus, les différents thèmes traités au cours d'occasions spéciales semblent vouloir clairement attirer un public très jeune, notamment les reproductions de certains costumes Disney (malgré une absence de partenariat avec la célèbre firme) ou de ceux de la trilogie Twilight (toujours sans aucun soutien officiel). De quoi faire grincer les dents des plus anciennes qui ont le sentiment d'avoir été évincées de la cible du site.
Mais que l'on se rassure. Ayant certainement compris qu'ils n'avaient aucun intérêt à rejeter leurs fans plus matures, BeeMoov s'attèle à la mise en ligne d'un jeu de drague dont le but sera de devenir une grande séductrice. On reprend le succès d'hier pour en faire celui de demain, pas folle la guêpe.
3. Des nouveautés en perte de souffle
Une fois par semaine, c'est le crédo de Ma Bimbo. Non, pas pour ce que vous croyez : c'est la cadence à laquelle doivent apparaître les nouveautés. Il semblerait que cette promesse soit respectée : il ne se passe pas une semaine sans que l'on annonce l'arrivée de nouvelles fringues dans le jeu. Oui mais... N'est-ce pas un poil trop souvent ? Et cela suffit-il à garder les joueuses en haleine ? Pas sûr.
Premier problème rencontré : des vêtements une fois par semaine, c'est bien. Des vêtements originaux, c'est mieux. Tel que je l'ai déjà abordé plus haut, il y a d'abord cette ligue anti-nœuds qui déplore l'omniprésence voire la dictature du nœud rose. Une intervenante sur le blog déjà cité plus haut constate que l'un des sacs nouvellement mis « en vente » n'est que « le 1234ème modèle du genre ».
Cette course aux fringues semble cacher un phénomène plus intriguant : la lenteur infinie de l'installation de nouvelles « features ». Trois cas sont particulièrement intéressants à étudier.
Le premier : la mise en place de nouveaux niveaux. La toute première mouture du jeu ne comprenait qu'un nombre très réduit de niveaux. Mais fort de son succès, le site a un mal fou à se renouveler. Il sort en moyenne une dizaine de nouveaux niveaux par an qui sont franchis avec une facilité déconcertante par les Bimbos. Pourquoi ? Parce que l'attente pour ces niveaux est si longue qu'elles arrivent, entre temps, à réunir toutes les conditions essentielles pour les franchir une fois mis en ligne ! L'ennui des Bimbos de haut niveau est donc éternel et ne semble pas près de retomber.
Le deuxième : la cuisine. La cuisine ? C'est nous et Schmidt ! Mais pas à Bimboland. Quelques curieuses ont remarqué que lors d'un reportage télévisé, les développeurs travaillaient (ou faisaient semblant de travailler, comme souvent lors d'un tournage) sur une cuisine où la Bimbo pourrait concocter de bons petits plats. Quelques petits malins se sont même introduits sur la base de données du site où reposaient tranquillement des images de la future cuisine. Face aux évidences, les questions ont fusé sur le forum du jeu où personne n'a su répondre avec précision. Depuis, la simple évocation de la cuisine est bannie sur le forum de Ma Bimbo et le sujet n'a plus jamais été soulevé par quelqu'un de l'équipe. Les membres se retrouvent donc avec un gros point d'interrogation : cette cuisine existera-t-elle un jour ? Personne n'en sait rien et ça fait des années que ça dure.
Le troisième, dans la même veine que le précédent : l'agence de voyage. Un jour est apparue à Bimboland une « agence de voyage » dont l'ouverture était prévue « prochainement » selon ce qu'indiquait un panneau. Malgré ce teasing, il était encore une fois interdit d'aborder le sujet dans le forum. L'agence de voyage n'a jamais été ouverte et aucun communiqué n'a expliqué le pourquoi du comment de cette situation ubuesque. Affaire à suivre.
2. Un système répressif à deux vitesses
C'est peut-être là la plus grosse source de frustration chez les membres contestataires. Pire, c'est aussi la racine du paradoxe auquel elles doivent faire face. Elles sont d'un côté très attachées au jeu qu'elles semblent toutes apprécier sincèrement mais éprouvent un réel dégoût quant à sa gestion. Car, selon elle, l'injustice règne en maître sur Bimboland.
L'une des affaires ayant le plus secoué la communauté a été le bannissement d'un membre après qu'elle ait découvert un groupe Facebook où des modérateurs du jeu se seraient soit-disant réunis pour la lyncher à son insu. Un événement qui a mis en émoi de nombreuses personnes, et ça se comprend. Des captures d'écran auraient circulé pour infirmer ou confirmer les propos du membre, des forums de soutien auraient éclos pour la soutenir. On aurait même parlé d'associations de consommateurs. Toujours est-il que rien n'est sorti de cela si ce n'est une haine encore plus grande entre les deux partis. Il a également été question de certains débordements qui auraient été couverts par l'administration du jeu, tels que la circulation d'images représentant des mutilations physiques, de triche permise grâce à certains bugs qu'on aurait laissé traîner pour favoriser ses protégées, de propos racistes ou homophobes disséminés sur le forum, de membres bannies à vie parce qu'elles auraient recommandé à Nineland de soigner son orthographe, de topics dérangeants ayant mystérieusement disparu du forum, de forum parallèle où modérateurs, administrateurs et d'autres membres de leur clique insulteraient sans retenue les joueuses qu'ils n'aiment pas, etc. Qui dit vrai ? On ne le saura probablement jamais. Si ces graves accusations étaient avérées, de lourdes sanctions pourraient s'abattre sur l'équipe du site. A contrario, certaines contestataires se livrent à des actions allant parfois très loin pour décrédibiliser le site et certaines d'entre elles ont été rappelées à l'ordre (fermeture de blogs et de forums allant trop loin dans la diffamation).
Le débordement pointe le bout de son nez des deux côtés du no man's land. Et à force de se renvoyer la balle, les deux parties s'embourbent dans des considérations haineuses qui leur font perdre le sens de la réalité. Tout cela n'est qu'un jeu après tout, non... ?
1. Une stratégie de communication inexistante
Mais selon les Bimbos contestataires, tout le problème réside dans ce manque de communication qui serait, selon elles, prôné et revendiqué par BeeMoov. Rappelez-vous : une boîte à idées qui n'est pas la bienvenue, l'interdiction d'aborder le sujet de la cuisine et de l'agence de voyage, les topics dérangeants qui se font avaler par le forum.
Le préambule des CGU affiche direct la couleur : la communication n'est pas leur fort. La conjugaison non plus. « Le membre peux [sic] remplir des missions qui lui permettra [sic] d'avancer dans le jeu ».
Le forum serait à ce point surveillé que les membres auraient été obligées d'ouvrir des blogs pour pouvoir s'y exprimer en toute liberté. Les deux plus populaires : celui de Gossip Bimbo qui traite de l'actualité du site en s'efforçant de ne pas se focaliser uniquement sur les aspects négatifs du jeu et celui d'Echo qui, contrairement à sa collègue, n'y va pas par quatre chemins pour communiquer ses pensées. Triste d'en arriver à une telle extrémité.
Enfin, la dernière - et ultime - source de désaccord entre les deux parties est le statut des joueuses. Le jeu est gratuit à l'inscription mais des solutions de micro-paiements permettent à celles qui le veulent d'obtenir des « Bimbos d'or » et, donc, d'évoluer plus rapidement. Selon les Bimbos contestataires, cela fait d'elles des clientes alors que la CGU s'acharne à les appeler des « membres » bien que la notion de « services » soit bel et bien mentionnée. Je n'ai malheureusement pas les qualités requises pour départager ce débat mais je serais curieuse de connaître la position de la loi à ce sujet.
Ma Bimbo : ange ou démon ? Il n'y a pas de réponses définitives. J'ai glané ici et là des informations qui m'ont permis de construire cet article et j'avoue avoir été soufflée de découvrir tout ceci. Nous sommes en présence d'un antagonisme qui a enflé d'une manière si spectaculaire qu'un retour à la normale semble impossible. Il est fascinant de constater qu'un site à l'apparence joviale puisse entraîner une telle réaction de rejet de la part de ses plus anciennes membres. Ma Bimbo, selon le site de BeeMoov, compterait à ce jour plus de 8 millions de membres (chiffre erroné selon les estimations des Bimbos contestataires qui ont remarqué que les comptes abandonnés ne sont jamais effacés), ce qui semble attester de son immense popularité. Mais quid de toutes ces accusations ? Peut-on imaginer que l'administration d'un site aussi populaire puisse tout mettre en œuvre afin de cacher les mauvais agissements de sa propre équipe ? Sommes-nous en présence d'anciennes membres jalouses et/ou désireuses de porter atteinte à la crédibilité du jeu par vengeance personnelle ? A vous de juger en allant vous inscrire sur ma-bimbo.com !